46

Transphénoménologie de l'amour.

JOURNAL

Le 16 juillet

Si ça ne coûtait pas si cher, je crois que j'irais me faire psychanaliser. Je me demande cependant si l'alcool n'a pas été, dans ma vie, un substitut de ma mère. La mère-récompense, la mère-présence, celle que je n'ai jamais ressentie auprès de moi, du moins à partir de la tendre enfance, celle qui me montrait à devenir un homme indifférent, cachant ses sentiments, comme s'ils étaient une honte... Quant aux rêves relatifs aux musées, aux résidences que je possède, etc., je me demande s,il n'y a pas une relation avec la religion...À part l'amour que je portais à ma mère, toute mon attention n'était-elle pas centrée sur Dieu, sur Jésus-Christ?

J'interromps ma réflexion, ma femme n'arrêtant pas de me parler...

Le 17 juillet.

J'ai empoté les plants pour les mettre dans la salle de séjour. Comme ça, pas de danger!

Le 18 juillet.

19.35h.

J'ai dormi, depuis 18 heures. Je reprends ce journal à partir d'hier. Il est devenu une occupation essentielle pour moi. Le temps pendant lequel je me concentre à sa rédaction est du temps gagné sur le goût de boire, toujours présent.

23.00h.

Nous sommes allés au lit, samedi soir. Tout juste avant de faire l'amour, Thérèse m'a dit:

- Je pense depuis une semaine à qualque chose... Ça me gêne un peu de t'en parler.

La curiosité aidant et la situation entraînant les plus délicates tendresses, j'encourage mon épouse aux confidences.

- Que dirais-tu si nous avions un autre enfant ? Tu sais, j'ai l'impression de vivre les jours les plus heureux depuis notre mariage. Je te sens près de moi. Je me sens constamment émue...

- Y as-tu pensé sérieusement ? fais-je, surpris des intentions de ma femme. Depuis quand songes-tu à ça ?

- Depuis au moins une semaine... au moins, répète ma femme en me regardant directement dans les yeux. Tu m'as souvent dit que tu désirais avoir une grosse famille. Avec deux enfants, je sais que ça n'est pas beaucoup. Alors, un troisième.... C'est pas encore une grosse famille mais ça en fait un de plus!

- J'ai quarante-trois ans, à l'automne. Quand il naîtra: quarante-quatre. A cinquante-cinq ans, c'est-à-dire, au moment où je prendrai ma retraite, il en aura onze. C'est une décision difficile à prendre...

- Donnons-nous encore une semaine pour y réfléchir, suggèere Thérèse. après ça, si on se décide, je me ferai ligaturer les trompes...

La question eut de quoi faire réfléchir. Nos ébats durèrent un bon bout de temps avant d'en arriver à un couronnement heureux...

page suivante

page précédente